L'erreur
Gustave me dit avant de partir qu'il attendait notre retour pour partir en voyage de noces, s'il trouvait l'argent pour le faire.
Et j'appris par le biais de Véra que nos deux familles resteraient trois jours ici, pour fêter le mariage.
Que raconter de ces trois jours de vacances auprès du plus bel homme du monde ?
Ca pour avoir pratiqué, il a pratiqué, et pour l'avoir surveillé, je l'ai surveillé...
Nous avons fait crac-crac dans tous les endroits possibles et imaginables : le sauna, où nous avons parlé mariage ( il a peur de s'engager pour le moment, mais il pense que ça viendra peut-être un jour )...
La tente du camping...
Je dois avouer que c'est pas confortable du tout, mais enfin...
Il y avait LUI, donc je n'ai rien dit quand à ça...
Et enfin le hamac... Ca, c'est peut-être une des meilleures expériences de ma vie !
Il m'a d'abord fait signe d'approcher et... Bref, vous devez savoir comment ça se passe !
Mais la véritable aventure, si on peut appeler une rencontre comme ça, c'était le dernier soir...
Avec Pierre-Louis, nous partions de la Scierie Verte où nous avions fait une partie de buches flottantes ( et j'ai gagné ! ), et il était partit prendre l'air.
Un homme m'aborda alors... Il était courtois et me souriait, s'approchait doucement ( je reculais de mon côté : je tiens quand même à Pierre-Louis, je ne voudrais pas qu'il me croie infidèle ! )... Je le laissais me parler, mais enfin, la fatigue me gagnait tout de même !
HOMME : Mademoiselle, j'ai une proposition à vous faire !
Je le regardais en comprenant à peine, en même temps il n'avais encore dit que ça...
HOMME : Allons dans une tente, tout les deux ! Ca ne sera pas long... quelques minutes, vous contre moi, moi contre vous...
MOI : Mais... J'ai un ami ! Je ne peux pas me permettre et... Et je n'ai pas envie ! Pas avec vous !
HOMME : Je vous jure, ça ne durera pas longtemps !
Mais c'est qu'il lâche pas l'affaire !
HOMME : Imaginez un peu ! Vous et moi, sur une plage, dans vingt ans ! Des enfants, nos enfants, galopant autour de nous joyeusement ! Ca ne vous dit pas ? Une aventure qui commence un soir, au hasard... Ce soir, je le sens !
MOI : Mais je vous dit que j'ai... Un fiancé !
je sais, je mens un peu... Mais je pense que c'est pour bientôt, mes fiançailles avec Pierre-Louis, donc ce n'est pas totalement un mensonge !
HOMME : Oh ! Je suis désolé ! Je ne voulais ni vous importuner, ni vous effrayer... Chère demoiselle...
Je partis vite, pour pêcher...
Ca me rappelera ma petite plage déserte...
HOMME : Ah ah ah ah ah... Encore un pigeon de plumé, joli pigeon bien riche, de plus...
Clytie ! Regarde ! J'ai fait une belle prise non ?!
HOMME : Nous sommes amenés à nous revoir, je pense, ma jeune... Hélèna... Ziralo. Mmh... Je devrais peut-être poser votre carte d'identité dans votre tente, je n'en ai pas besoin... Par contre je garde les photos d'identité et l'argent! Et je vous rends le porte-monnaie, j'aime pas le rose à fleurs...
Quelques jours plus tard, nous étions revenus de vacances.
Pierre-Louis, quand après je l'ai revu, m'a dit qu'il n'avait pas dormi cette nuit-là, cherchant à m'appeler tout le temps.
Mais nous sommes finalement parvenus à nous revoir.
Il a osé même m'embrasser dehors alors que n'importe qui aurait pu nous apercevoir... Mais il me disait que j'étais la seule qui comptait à ses yeux.
Mais il fallait compter avec les imprévus...
ANNIE : Mon Dieu ! Que... Avant le mariage !
ANNIE : Hélèna, si Maman savait... Et toi Pierre-Louis ! Ton père...
Pierre-Louis s'était levé, péniblement, visiblement agacé de la venue imprévue de ma soeur.
PIERRE-LOUIS : Ecoute. Si tu veux, je réaliserai tes rêves avec Gustave. Je fairais en sorte que tes désirs soient pour lui des ordres, que la maison soit décorée à ton goût, si seulement tu ne nous dénonçait pas, ta soeur et moi.
ANNIE : C'est déloyal... Depuis combien de temps vous faites ça ?
MOI : Depuis avant ton mariage... Tu m'en veux ? Enfin, même s'il n'y a pas de raison de m'en vouloir.
ANNIE : Jamais avant le mariage, Hélèna... Maman l'a toujours dit.
MOI : Jaime ne l'a jamais fait, et moi ça fait peu de temps que j'ai cédé. Tu es la seule à avoir obéi.
ANNIE : Je suis donc la seule à être digne de confiance !
PIERRE-LOUIS : Réfléchit Annie... Gustave a-t-il l'intention de faire en sorte que votre mariage soit consommé ?
ANNIE : Je...
Elle rougit violemment. Non, c'est vrai, ils n'en n'avaient jamais parlé, tous les deux. Il avait surtout visiblement l'intention de devenir un homme important dans les affaires, puis de lancer son propre commerce.
PIERRE-LOUIS : Promet de ne pas nous dénoncer et je te dirais ce qu'il faut lui dire.
ANNIE : ... Je ne sais pas... Bon d'accord. Que dois-je faire ?
PIERRE-LOUIS : Rien. Tu dois juste lui demander qui lui succédera, quand il sera mort. Il te répondra son héritier et s'empressera de te faire un enfant, comme ça l'affaire restera familiale.
ANNIE : Je... Merci. Merci beaucoup.
Elle partit en courant et je devinais qu'elle allait parler à son époux au sujet de sa descendance. Moi je sortais de la pièce discrètement, jetant un oeil à Pierre-Louis. Je pense qu'il avait compris qu'il valait mieux que je m'eclipse avant qu'on ne recommence et que cette fois ce soit ma mère qui nous surprenne.
Les jours passaient sans que je ne voie Pierre-Louis.
Je n'avais eu des nouvelles de la Domus ( le nom de la maison des Vestère ) qu'une seule fois, et c'était Annie qui me téléphonait.
Elle me disait qu'elle avait réussi à convaincre Gustave et que maintenant elle était enceinte de quelques mois, et que cet enfant serait un petit garçon.
Elle me dit également que Pierre-Louis travaillait dans le même restaurant que Jaime, disait-il, mais Jaime n'en avait jamais parlé.
Et j'eu droit à des nouvelles de Véra, que j'appréciais bien qu'on se connaisse peu, qui rassemblait tout l'argent qu'elle pouvait pour partir en Orient.
Moi, je lui apportais des nouvelles de la maison... Qui n'étaient pas des plus intéressantes. Maman voulait que tout le monde se mette au jardinage, et puis c'était tout. Amandine grandissait bien également.
Quelques temps plus tard, Annie accouchait. Pierre-Louis m'avait appelé en vitesse pour me demander de venir. J'ai fait aussi vite que j'ai pu, mais je n'avais pas le temps d'appeler en taxi et maman ne voulait pas de voiture à la maison, donc je suis venue à pied. Mais je suis arrivée trop tard.
PIERRE-LOUIS : Enfin tu es là !
MOI : Il n'y a pas eu de problème ? Le bébé va bien, Annie aussi ?
PIERRE-LOUIS : Ne t'inquiète pas...
PIERRE-LOUIS : Ta soeur a mis au monde un beau petit Adrien. Gustave est fou de joie.
MOI : Tant mieux alors.
PIERRE-LOUIS : Tout le monde est autour du bébé... Personne ne fait attention à nous, c'est peut-être le moment de...
Je compris aussitôt, et je le suivis docilement dans sa chambre...
PIERRE-LOUIS : C'est à nous peut-être, d'avoir un enfant...
MOI : Hors mariage ? Tu veux que nos parents nous tuent ?
PIERRE-LOUIS : Je voulais te faire peur. Je ne veux pas d'enfant...
MOI : Jamais ?
PIERRE-LOUIS :... Pas tout de suite.
Je sentais que ces derniers mots étaient pour me rassurer, mais qu'importe : un enfant n'était pas dans mes projets immédiats.
Lorsque je me suis levée, Pierre-Louis n'était plus là. J'étais légèrement triste, mais je me suis rhabillée et je suis allée voir le bébé.
Personne ne se doutait de rien. Je ne pus m'empêcher de demander où était Pierre-Louis, m'attirant un regard noir de ma soeur qui ne me trouvait pas assez discrète quant à cette histoire, et son père m'a répondu qu'il était partit au travail. Sa réponse me soulagea quelques peu, ce n'était rien de grave.
Je suis retournée à la maison juste après, pour donner des nouvelles d'Annie et de son fils à tout le monde qui était heureux d'accueillir une nouvelle tête dans l'arbre généalogique.
Et quelques semaines plus tard, maman nous demanda de nous occuper sérieusement du jardin. Je suis partie tailler les arbres que ma mère chérissaient, pour les fruits délicieux qu'ils donnaient.
" Ca ne fera de mal à personne, un jus de pomme ! " Répétait-elle sans cesse pour nous faire redoubler d'effort tandis qu'elle nous regardait par la fenêtre.
Je n'aimais pas le regard qu'elle portait sur moi d'ailleurs...
Et je ne pouvais m'empêcher d'envier quelques scène familiales entre Yvonne, Jaime et Amandine. La petite faisait ses premiers pas dans le jardin et articulait ses premiers mots.
Son tout premier mot avait été " Musique ", à cause de l'animateur de la radio qui ne répétait que ça, dans la cuisine. Et Amandine passait du temps dans la cuisine, à regarder ma mère préparer à manger.
Mais je dois avouer que ma mère ne faisait jamais attention à la petite, et les seules fois qu'elle en parlait c'était pour se plaindre qu'elle était toujours dans ses pattes.
Mais un moment arriva où je ne sortais plus de ma chambre.
Je venais de découvrir que j'étais enceinte, et le père était évidemment Pierre-Louis.
Et comble du désespoir, je n'arrivait plus à le joindre.
J'avais inventé pour ma mère une histoire comme quoi j'étais malade, et la seule personne que je laissais pénètrer dans ma chambre éait Jaime, ma mère par chance respectait cette décision. Jaime était la seule personne de la maison qui me comprenait et en qui j'avais confiance.
Mais quand vint le moment de mettre mon enfant au monde, tout le monde accourut.
Maman était furieuse. Elle me demanda sèchement qui était le père, je répondis que c'était Pierre-Louis, pensant qu'elle comprendrait.
Elle sortit de la pèce à grands pas tandis que Jaime et Yvonne me félicitait, ainsi qu'Amandine à sa manière en montrant du doigt mon fils et en disant " bébé, bébé ! ".
Mon fils que j'avais d'ailleurs décidé d'appeler Maxime.
Mais ma mère revint dans ma chambre et le cauchemar commença.
Elle m'annonça qu'elle avait appelé le père de Pierre-Louis pour annoncer la nouvelle et qu'il était au moins aussi furieux qu'elle. Pierre-Louis allait travailler à Trois Lacs en tant qu'animateur, ce qui l'éloignait de moi, et en plus de mon côté j'allais vivre ailleurs...
Ma mère me dit de donner Maxime à Jaime, et de préparer mes valises, tandis qu'elle allait chercher pour elle, très vite, un endroit où vivre...
Dans le village de Rivazur...
GISEKA : Oui oui, j'arrive ! Béatrice, tu aurais pu essayer de décrocher le téléphone depuis le bureau, ça n'aurait pas été trop dur !
BEATRICE : Je sais maman, mais avec le numéro qui s'affiche, j'ai su que c'était pour toi !
GISEKA : Et c'est qui ?!
BEATRICE : C'est écrit " 68-562 " !
GISEKA ( dans un souffle ): Cornélia...
Maman revint quelques minutes plus tard :
CORNELIA : Tu vas chez une de mes vieilles amies, à Rivazur. Elle s'appelle Giseka Prévaux et elle a une fille de ton âge qui se nomme Béatrice et qui aurait besoin de ton aide pour lancer son salon de coiffure.
Je fondis de nouveau en larmes tandis que Jaime me promettait de veiller sur Maxime, il me rassurait et me disait qu'il serait comme un petit frère pour Amandine.
Et lorsque je partit, j'entendis des éclats de voix : c'était ma mère qui arrachait mon fils des bras de son oncle.